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Sur le
plan politique, religieux ou scientifique par exemple,
où la dimension du lien frôle souvent la
caricature, la création d'un nouveau paradigme
implique automatiquement une rupture de lien avec l'ancien.
Un hérétique ne fait pas qu'émettre
une nouvelle idée religieuse, il détruit
l'ancienne. Galilée n'a pas fait que démontrer
que la terre tourne autour du soleil, il a rendu obsolète
Aristote et Ptolémée. Accepter la vision
du monde d'Einstein, c'est mettre à l'écart
celle de Newton.
Aussi dirons-nous que le lien est tout à la fois
et dans le même temps soit disjonctif/conjonctif
soit conjonctif/disjonctif. Autrement dit, que la répudiation
d'un lien implique ipso facto l'adhésion
à un autre, et que, a contrario, l'adhésion
à un lien implique automatiquement désertion
d'un autre.
L'expérience nous montre qu'un lien est d'autant
plus conjonctif qu'il est disjonctif, et inversement.
L'intégriste musulman se détache d'autant
plus du modèle occidental qu'il s'attache aux thèses
islamistes. Le raciste magnifie d'autant sa "race"
qu'il méprise celle des autres.
Nous dirons encore que "Jésus n'était
qu'un homme" a pour objectif de produire un lien
- ou un "ligarènie" - disjonctif/conjonctif,
sur un auditeur catholique croyant; un "ligarème"
conjonctif/disjonctif sur un auditeur athée trop
heureux de me l'entendre dire.
Nous dirons enfin, pour reprendre la terminologie de Greimas,
qu'un lien est suspensif ou neutre s'il se présente
comme disjonctif/non-conjonctif ou conjonctif/non-disjonctif.
Un lien suspensif n'est jamais naturel pour autant. Sa
stabilité apparente, il la doit à une longue
série de neutralisations méta-communicationnelles,
ou de rationalisations. Je peux faire de "Jésus
n'était qu'un homme" un lien suspensif en
le neutralisant par une prolepse du type "Je sais,
vous allez être choqué par ce que je vais
dire, mais je pense sincèrement que..." ou
encore par une rationalisation du type "J'aimerais
bien vous croire, mais malheureusement la science a prouvé
que ..."
La mise au point de liens suspensifs, à cause de
leur apparente neutralité, constitue à l'heure
actuelle le terrain de prédilection des spécialistes
en communication, lesquels ne les utilisent pas moins
que des "neutrons" qu'ils projettent volontairement
sur la sphère intime de l'auditeur dans le but
de "casser" ses liens antérieurs.
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Pour
plus de détails, en cliquant sur l'image ci-dessous, cf.
notre site-article :"Du lien aux origines des structures anthropologiques
de l'imaginaire", Sociétés, n° 63,
1999 / 1, De Boeck Université, Bruxelles, . |
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