 |
|
 |
Il ressort
de notre étude que le propre d'un énoncé performatif explicite
est d'exposer, d'étaler à découvert, au grand jour, avec
force, la nature de la relation que j'aimerais entretenir
avec mon auditeur; il est une sorte de commentaire sur
le lien, un lien qui trahit sa propre "ligaro-activité".
Sa caractéristique n'est pas de décrire le monde, mais
de forger ou de réifier le lien, et c'est dans ce sens
qu'il transforme la réalité. Les performatifs explicites
nous apparaissent donc comme des méta-actes, aux antipodes
des méta-actes suspensifs. Ceux-là revendiquent le lien,
ceux-ci le dissimulent; les uns se concentrent sur le
"Je" et le "Tu"; les autres sur le "Il y a ".
Ce que nous voulons dire par là, c'est que la force qui
émane d'un ordre n'est pas dans l'ordre lui-même, mais
dans le type de lien qu'il va constituer, ou confirmer.
Un soldat qui ordonne à son supérieur hiérarchique de
se mettre au garde-à-vous n'agit pas différemment qu'un
enfant s'imaginant qu'il suffit d'enfoncer un robinet
dans un mur pour avoir de l'eau. A la limite, et paradoxalement,
donner un ordre explicite, c'est presque marquer sa faiblesse,
c'est gâcher un "joker", c'est avouer que les autres moyens
: l'aura, le charme, l'humour, n'ont pas fonctionné.
Des mots comme Moïse, Jésus, Mahomet,
Allah; des objets comme un drapeau, une relique, une icône...
sont, pour certains, infiniment plus puissants, plus foudroyants,
plus "ligaro-actifs" que les énoncés performatifs.
Notons enfin qu'un même énoncé performatif, peut, selon
la position du locuteur, produire des liens différents.
Une promesse d'un chef à son groupe n'est absolument pas
comparable à la promesse du néophyte qu'on initie, à une
promesse de se venger... Le chef promet pour asseoir sa
position haute, pour cimenter le lien; le néophyte promet
pour confirmer sa position basse, pour créer un lien;
celui qui promet de se venger exprime par là sa disjonction,
son désir de redéfinir sa position. on peut encore faire
une promesse pour neutraliser un lien, c'est le cas de
: "Je te promets, je n'ai rien dit". |
|
|
|
|
|
|
 |
 |
 |
 |
 |
 |
 |
 |
 |
 |
 |
|
Pour
plus de détails, en cliquant sur l'image ci-dessous, cf.
notre site-article :"Du lien aux origines des structures anthropologiques
de l'imaginaire", Sociétés, n° 63,
1999 / 1, De Boeck Université, Bruxelles, . |
 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|